Interview de Mael Grenier Membre des équipes de France
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Comment as-tu vécu ta première expérience en compétition internationale, et qu’est-ce qui t’a le plus marqué ?
J’étais déjà hyper fier du chemin parcouru depuis plusieurs années avec Kevin comme avec mes proches. C’était un de mes premiers rêves de grimpeur de représenter la France en compétition. Au-delà de ça, mes premières compétitions se sont bien déroulées et j’ai même atteint ma première demi-finale à la coupe d’Europe d’Augsbourg en Allemagne. L’expérience a été un peu plus compliquée lors de ma première coupe du monde à Briançon du fait de la densité impressionnante à l’international. Mais ça marque le début d’une nouvelle aventure pour réussir à m’exprimer pleinement dans ce genre d’événement.
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Quelle a été ta plus grande leçon ou ton apprentissage principal lors de ces compétitions à l’étranger ?
« Ne rien lâcher jusqu’au bout ! » Lors de la coupe d’Europe à Augsbourg, j’ai réalisé un très mauvais premier run de qualification et étais très mal engagé pour aller en demi-finale. Malgré ça, j’ai essayé de vite me remobiliser, me concentrer sur la grimpe que j’aime montrer et mettre un gros run a muerte. J’ai finalement réussi à tout mettre en place pour tomber dans les derniers mouvements et prendre ma place en demi-finale. C’est ce dont je me rappellerai pour cette première expérience internationale.
Il est aussi facile de se laisser impressionner par tous les forts grimpeurs à l’échauffement, ou tout simplement par l’enjeu de la compétition. Mais finalement, il faut juste être performant au bon moment et l’échauffement/intox des autres compétiteurs ne veut rien dire. C’est sur le mur que ça se joue !
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En quoi ton entraînement a-t-il évolué pour te préparer à ce niveau de compétition ? Y a-t-il eu des ajustements spécifiques que tu as trouvés particulièrement efficaces ?
Je me suis entraîné davantage et encore plus sérieusement, il n’y a pas de secret ! Les premières années de coaching avec Kevin ont également commencé à porter leurs fruits et j’ai fait le choix de me concentrer uniquement sur la saison de difficulté.
J’ai également essayé de bouger énormément dans d’autres salles et fait des stages à chaques vacances, à Innsbruck ou Troyes par exemple, pour faire beaucoup de spécifique dans des voies de compétitions. Ça m’a beaucoup aidé pour m’adapter et être prêt pour les voies proposées.
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Comment te sens-tu par rapport à la pression et à l’intensité des compétitions internationales, et comment gères-tu ces aspects mentalement ?
Je ne suis pas quelqu’un qui ressent beaucoup de stress ou de pression en compétition en général. Toutefois, revêtir le maillot de l’équipe de France peut être un peu stressant car on veut bien faire, pour soi et son entourage, mais aussi pour les coachs et les copains qui n’ont pas réussi à prendre leur sélection malgré leurs efforts. J’avais donc à cœur de réussir !
Pour mieux me gérer, je fais des courtes méditations pratiquement au quotidien et travaille avec une préparatrice mentale. Je n’utilise cependant pas de musique car j’ai du mal à gérer le changement d’ambiance quand j’enlève le casque et retrouve le bruit de la compétition.
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Quels sont les objectifs que tu t’es fixés pour les prochaines compétitions internationales ? Comment vas-tu adapter ton entraînement pour les atteindre ?
Tout d’abord, j’ai à cœur de réussir à reprendre ma sélection en équipe de France la saison prochaine car ce n’est jamais gagné compte tenu de la densité du niveau en France. J’aimerais aussi réussir à montrer une grimpe encore plus aboutie et décisive lors des prochaines compétitions pour aller en demi-finale et me qualifier pour la totalité du circuit international la saison prochaine.
Et pourquoi pas un jour les JO ? C’est toujours un rêve dans un coin de ma tête, même si le chemin est infiniment long pour parvenir à ce genre d’objectif.
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Y a-t-il un athlète ou une performance spécifique qui t’a inspiré lors de tes premières compétitions internationales ?
C’est impossible de répondre à cette question sans penser à la performance de Max Bertone à la coupe du monde de Briançon. Il a su montrer une sacrée grimpe pour sa première finale en coupe du monde. C’est drôle (mais aussi un peu rageant) parce que c’est le plus jeune de l’équipe qui nous a finalement montré le chemin à parcourir.
Le niveau des Japonais est également impressionnant mais je n’ai malheureusement pas eu l’opportunité de me mesurer aux athlètes olympiques qui se reposaient en prévision de Paris 2024.
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Comment équilibres-tu le besoin de te surpasser en compétition avec la nécessité de rester à l’écoute de ton corps pour éviter les blessures ?
C’est un équilibre qui est dur à trouver mais indispensable si on ne veut pas faire marche arrière du fait d’une blessure. J’essaie de bien communiquer avec Kevin – même si ce n’est pas ma qualité principale haha – et également de bien dormir. Selon moi, c’est le sommeil le plus important. L’entraînement que je suis depuis plusieurs années a bien permis à mon corps de s’adapter, et m’a appris à mieux me connaître pour ne pas faire n’importe quoi.
A l’entraînement, j’essaie d’être bien à l’écoute mais j’ai tout de même eu un bon rappel à l’ordre en octobre puisque je me suis inflammé une poulie en voulant progresser trop vite en tenue de prise. Cette petite blessure m’a embêté quelques mois et a bien ralenti ma progression alors qu’elle aurait pu être évitée facilement.
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Quel est ton rituel ou ta routine avant une compétition importante, et comment cela t’aide-t-il à rester concentré ?
Avant les compétitions, j’essaie de régler les derniers détails avec ma grimpe pour être bien en confiance. J’aime bien aussi repenser aux souvenirs agréables des compétitions qui se sont bien passées les années précédentes, notamment sur le même lieu. Parfois je regarde des bonnes vidéos d’escalade qui mettent le fire pour arriver avec les crocs !
- Quels sont tes projets à long terme dans le monde de l’escalade, que ce soit en termes de compétitions ou d’autres défis personnels ?
J’aimerais réussir à m’imposer en équipe de France et à l’international. Ça doit être ouf de monter sur la boite à l’international ! Si les JO proposent de séparer les disciplines, je crois que c’est un événement qui me ferait me lever le matin sans difficulté (mauvais jeu de mot). Ça fait du bien de rêver.
J’ai aussi à cœur d’être champion de France un jour. C’est une compétition qui me fait tripper.
Mais il reste tout à construire ! donc on va garder les pieds sur terre et se concentrer sur le lendemain, pour ne jamais arrêter de progresser.
A très long terme, j’aimerais me lancer des beaux défis dehors mais pas uniquement en couenne. J’aimerais faire des trucs un peu rigolos, qui sentent l’aventure.
- Quels conseils donnerais-tu aux jeunes grimpeurs qui rêvent de participer un jour à des compétitions internationales ?
Le plus important, c’est de ne jamais rien lâcher et d’y croire jusqu’au bout ! J’ai eu des résultats très très tardivement chez les jeunes, mais j’ai progressé petit à petit, sans jamais m’arrêter et c’est ce qui m’a mené en équipe de France.
J’aimerais bien donner des petits tips pour performer à l’international, mais ce n’est que le début de l’aventure donc restez connecté 😉